Participant·e·s : Luc, Thomas, William, Paul, Anaïs, Béatrice, Charles et Yan
Vendredi soir, après le boulot, cap sur la Normandie ! Deux voitures quittent le 13ᵉ arrondissement. D’un côté la fameuse Kangoo des beaux-parents de Béatrice, véhicule devenu sponsor officiel des sorties Cordée 13. Spacieuse, increvable, et parfaite pour avaler le matériel, les sacs de couchage. De l’autre, la voiture de Luc, prête à filer droit vers l’aventure. En passant près de la centrale de Porcheville (madeleine de Béatrice, qui y retrouve ses souvenirs d’enfance), le ton est donné : on s’éloigne de Paris, cap sur l’air pur, les falaises et un petit goût de vacances, même courtes.
Après un arrêt sur une charmante aire d’autoroute pour pique-niquer, arrivée tardive au camping de Clécy où nous sommes plongés dans un noir quasi complet, si ce n’est les lueurs d’une guinguette de l’autre côté de ce qu’on devine être une rivière. Plus personne à la réception, on choisit deux emplacements, un peu au hasard, on monte les tentes à la frontale, et hop, dodo.

Au matin, belle surprise : en ouvrant les tentes, nous découvrons que nous avons planté nos tentes juste au bord de l’Orne, dans un cadre pittoresque et verdoyant. Le charme de la Normandie opère instantanément.
Luc, déjà debout, a pris son rôle de chargé du petit-déjeuner au sérieux : réchaud en action, confiture sortie, pain découpé. Le petit-déjeuner debout autour du réchaud a des airs de banquet spartiate, mais il nous met dans les starting-blocks pour attaquer la falaise.


Direction les Rochers des Parcs, perchés sur les hauteurs de l’Orne. L’accès est court (une dizaine de minutes à pied), et une fois au pied des falaises, nous voilà sous les arbres, dans une atmosphère fraîche et boisée. Mais dès qu’on prend un peu de hauteur, le décor (et la température) se révèlent : vue panoramique sur la vallée, l’Orne qui serpente et l’ancien viaduc qui domine le paysage.
Nous commençons l’échauffement sur le secteur des Plaques. Et très vite, la falaise nous rappelle qu’ici, l’escalade a un caractère bien particulier : la roche sombre, presque volcanique, accroche autant qu’elle intrigue, et les cotations ne sont clairement pas données. Des 5c qui nous feraient sourire ailleurs se transforment ici en vrais casse-bras.
Thomas, gonflé à bloc, est déjà lancé : il attaque directement des 6b comme si de rien n’était. Au fur et à mesure, on se rend compte qu’à Clécy, la difficulté est souvent concentrée dans un ou deux pas de bloc bien retors, qui transforment une voie “abordable” en un petit combat mémorable.

Le site lui-même est original : les secteurs s’empilent les uns au-dessus des autres, reliés par un système de corda ferrata, passerelles et escaliers de bois qui donnent parfois l’impression de faire de l’accrobranche pour passer d’un secteur à l’autre.
Les voies les plus coriaces se trouvent dans les hauteurs : le secteur Beaujolaise ou celui des Grands Surplombs (le nom parle de lui-même – gros bras obligatoires).
On se lance même dans la Scro-gneu-gneu, un splendide 7a du secteur Beaujolaise.
Mais en grande partie, les 5c/6a, dominent dans ce site. Plusieurs voies du secteur La Reposante font l’unanimité par leur esthétique: L’Archiduchesse, Les Moutardiers ou encore Coco Style entrent dans nos coups de cœur du week-end.

Les binômes tournent, chacun essaye un peu de tout, et l’ambiance est excellente. Entre le panorama, la grimpe exigeante mais belle, et la convivialité, on se dit qu’on a bien fait de planter les tentes à Clécy ce week-end.
Après une bonne journée de grimpe et les avant-bras en compote, retour au camping. Premier arrêt obligé : le bar du camping, où l’on découvre les IPA locales. La dégustation se transforme rapidement en débat enflammé sur les indices internationaux d’amertume.
Une fois désaltérés, cap sur les guinguettes aperçues la veille, de l’autre côté de l’Orne. Le chemin est déjà une balade : on longe la rivière, puis on traverse un ancien pont en pierre avec, en prime, des vues pittoresques sur le village. L’ambiance est à la carte postale, on est bien en Normandie.


Le choix du restaurant se fait sans hésitation : ce sera une terrasse en extérieur, au bord de l’eau, sous les guirlandes lumineuses. Rapidement, le menu devient le terrain d’une réflexion intense : mais de quoi peut bien être fait ce mystérieux steak végétarien ? Les hypothèses fusent jusqu’à ce que le serveur aille chercher la recette mystérieuse en cuisine.


Côté spécialités locales, on se laisse tenter par un excellent cidre de Clécy, qui fait l’unanimité. Puis vient le moment de goûter à une curiosité régionale : la fameuse Teurgoule. Deux courageux s’y risquent. Résultat ? La bouillie de riz à la cannelle divise l’assemblée : certains adorent, d’autres grimacent. Verdict collégial : la Teurgoule est un plat qui fait débat, mais qu’on n’oublie pas (surtout le lendemain).

Le dimanche matin marque un net upgrade logistique : fini le petit-déjeuner spartiate debout autour du réchaud, cette fois nous nous installons autour d’une grande table ronde au bar du camping. L’instant est solennel : nous réceptionnons le “pain” commandé la veille, qui s’avère être une baguette géante digne du Guinness Book.
Sous un beau soleil, nous replions les tentes en profitant des rayons pour les faire sécher, puis cap sur la falaise. Mais l’entrain n’est pas le même que la veille : les courbatures de samedi et les effets secondaires de la Teurgoule se font sentir. Certains, qui avaient oublié leur casque à Paris, préfèrent même se plonger dans L’Insoutenable légèreté de l’être de Kundera plutôt que de se lancer dans des combats verticaux.

Peu à peu, l’énergie revient. Dans le secteur Noire, un 6a+ bien corsé nous met rapidement à notre place. Plus tard, la découverte du mystérieux site Z est une excellente surprise. Officiellement en cours de rééquipement, il s’avère déjà parfaitement praticable. On y trouve deux belles lignes : Monsieur Ouille et La Z, deux 6a exigeantes sur un rocher légèrement déversant, comme tranché net par une lame. Les réglettes fines et athlétiques terminent d’achever nos avant-bras déjà bien entamés.


En parallèle, Luc et Béatrice initient Charles à sa première grande voie – un beau moment d’apprentissage et de transmission, qui conclut parfaitement le week-end.
En fin d’après-midi, les bras vides mais la tête pleine, nous reprenons la route vers Paris. La Kangoo et la voiture de Luc nous ramènent au bercail, chargées de cordes, de chaussons… et de souvenirs.