Jour 1 – Dimanche 💨🌧️. Où l’on apprend qu’il ne faut pas dire “corde”
Nous sommes six au départ de Brest à embarquer sur le voilier de location qui nous servira de maison toute la semaine. Clément, qui a fait ses armes comme moniteur aux Glénans, sera notre capitaine. Les autres marins ont des expériences de navigation diverses, de la voile légère au voilier habitable, en passant par le paddle. Toutes et tous veulent progresser en voile – et en escalade. Pour l’heure, le vent est trop fort pour naviguer, nous en profitons donc pour apprendre les bases de la vie à bord : L’Almanach du Marin Breton à l’appui, Clément nous détaille les règles de sécurité en mer. Nous retenons que la première règle est de ne jamais dire ni “lapin”, ni “corde”. Pas évident pour un club d’escalade, d’autant que nous avons rempli les coffres de trois c**** à double et une c**** à simple. Nous convenons, sur proposition d’Alexey, d’y faire référence sous le terme de “matos”.
Jour 2 – Lundi 🌬️🌊⛵🌤️. Où l’on fait offrande à la mer



Après ce premier jour passé à ronger notre amarre, la météo s’améliore et nous décidons de mettre le cap sur Camaret, même si le vent et la mer sont encore puissants. Après être sortis de la rade, nous arrivons dans le goulet de Brest par forte houle. Clément prend la barre et enchaîne les virements de bord pour remonter au vent. Tout l’équipage est à la manœuvre, les plus expérimentés aidant les plus novices. Chacun tente de retenir son mal de mer avec plus ou moins de succès, et deux d’entre nous doivent offrir aux poissons leur petit déjeuner. Heureusement l’arrivée à Camaret se fait sous le soleil, et la mer est assez chaude pour que nous puissions nous baigner. Nous terminons de nous remettre à La Terrible, bistro-librairie spécialisé dans la micro-édition, qui sert aussi d’excellentes bières avec et sans alcool.
Jour 3 – Mardi 🧗🌥️. Où l’on rencontre le phoque
Premier jour d’escalade pour l’équipe, qui commence facile avec la dalle des débutants. C’est l’occasion de réviser la manœuvre de rappel, qui nous sera bien utile le lendemain. La journée est plutôt grise, mais notre humeur s’éclaircit lorsqu’apparaît un phoque, ou paraît-il “le” phoque, puisque la rumeur veut qu’il s’agisse toujours du même animal qui, passionné d’escalade, viendrait observer les grimpeurs. Nous n’avons hélas pas d’image pour prouver la véracité de cet épisode.


Changement de secteur l’après-midi, direction la dalle de Paul et la vue sur l’Atlantique. Derrière nous, aucune terre jusqu’à l’Amérique du Nord.
Jour 4 – Mercredi 🌊🧗☁️. Où l’on transpire


Petit-déjeuner copieux au réveil, puis passage au supermarché pour préparer le pique-nique. Après cinquante minutes de marche, nous atteignons la grande falaise, sous un ciel gris et un vent soutenu. Malgré la météo, décision est prise de tenter des grandes voies.
Descente en rappel vers les secteurs Diabolo et Bocal. Jean-Baptiste et Bernard s’élancent en réversible dans Diabolo, suivis par Béatrice et Martin. La voie paraît plus dure que prévu : humidité, vent et ambiance océanique corsent l’ascension. Jean-Baptiste et Bernard sortent les deux longueurs non sans difficulté. Béatrice et Martin rencontrent quelques problèmes (vols, corde coincée) et décident de rejoindre Clément et Aleksei. Clément et Aleksei réussissent Balade sur le fil suivis par Béatrice et Martin. Tous se retrouvent ensuite au sommet pour le pique-nique. Dernier effort de l’après-midi pour Jean-Baptiste et Bernard avec La Vigie, une belle ligne aérienne dans le Cirque des courants d’air. La journée se conclut chez Germaine autour de crêpes et boissons face à l’océan, avant de savourer sur le bateau un curry de pois chiches.


Jour 5 – Jeudi ⛵⛅. Où l’on glisse sous le vent

Le plan était de contourner la pointe de Pen Hir pour aller mouiller à la plage de Veryac’h, devant Chez Germaine. Mais le vent passe au Sud et risque de rendre le mouillage périlleux. L’équipage, qui n’a pas envie de vomir davantage, décide de changer d’objectif et fait route vers Douarnenez, patrie des Penn Sardin. Clément nous a vanté la tradition ouvrière de la ville et nous a raconté la grève des sardinières de 1924. C’est donc pleins d’entrain que nous prenons la mer, pour une navigation tout en douceur. Nous écoutons Philippe Katerine chanter “Sous le vent” pour notre arrivée au port, et visitons la vieille ville à la tombée du soir. Sur le vieux port, le capitaine nous initie au calcul des marées et à la lecture de cartes marines. Après un dîner à l’excellent café Enez, nous rentrons dormir au bateau sans oublier de saluer l’écluse du port Rhu.


Jour 6 – Vendredi ⛵☀️. Où l’on navigue au moteur


Alexey nous fait la surprise de dégoter le meilleur Kouign amann de la ville pour le petit déj. La matinée ensoleillée se poursuit avec postures yogiques sur le ponton pour Bernard, Jean-Baptiste et Béatrice et le projet d’installer le gennaker sur enrouleur pour Clément, Alexey et Martin. Le départ se fait doucement mais le vent est à l’opposé de ce qu’annonce la météo. Sur notre route, nous apercevons plusieurs Fous de Bassan que nous essayons d’attraper du regard lors de leurs vertigineux plongeons. Le midi, nous préparons les plus beaux sandwichs avec les restes du bord. Le soleil revient nous chauffer pour le café mais fait tomber le vent. Nous faisons route au moteur pour dépasser le cap de la Chèvre. L’après-midi, c’est l’occasion de pratiquer la navigation au moyen rudimentaire d’une boussole de smartphone pour trianguler nos relèvements sur une carte. A l’approche de Pen-Hir, nous devons continuer au moteur, malgré plusieurs tentatives optimistes de faire porter les voiles. Nous arrivons vers 18h sous une magnifique lumière couchante près des Tas de Pois et admirons les falaises. Retour le soir à Camaret pour déguster une délicieuse carbonara préparée dans les règles de l’art par Jean-Baptiste.
Jour 7 – Samedi 🌧️💨🧗☀️. Où l’on s’abrite au PMU
La matinée est marquée par une pluie abondante, propice au repos et aux discussions à bord, entre voile, escalade et météo. Vers midi, l’accalmie permet un départ du bateau, avec un arrêt boulangerie puis un pique-nique à Camaret. Mais la pluie reprend, et nous nous abritons au PMU autour d’un café.


À 14h, cap sur la falaise en misant sur le retour du soleil prévu à 15h. Le timing est parfait : le soleil perce à notre arrivée mais le vent reste fort. Nous grimpons alors à la dalle des pêcheurs, sur des voies d’une longueur d’une difficulté allant du 5a au 6b, adaptées à chacun. Très bon rocher, belles petites voies.
La journée se conclut directement à la crêperie La Marine, avec une ambiance conviviale et d’excellentes crêpes!
Jour 8 – Dimanche 🌈⛵🌧️🚆. Où l’on met cap sur l’arc-en-ciel

Nous petit-déjeunons dehors, avec un lever de soleil et une douceur estivale. Vers 10h30 nous quittons Camaret et glissons doucement vers le fort des Capucins. Le ciel est chargé comme un tableau baroque, avec des cumulus autour de nous et un grain approchant depuis le large de la pointe St-Mathieu. Le faible vent est surprenant mais nous sommes au cœur d’une dépression peu creusée (1012 hPA), en plein dans son centre. Au passage du front vers 11h, le vent tourne brutalement du Sud-Ouest au Nord-Est, fraîchissant de 2 à 5 sur l’échelle de Beaufort. Notre bateau passe directement au près et gîte fort. Nous allons devoir à nouveau louvoyer dans le goulet comme au premier jour. Nous sommes au taquet sur les virements, encouragés par un spectaculaire arc-en-ciel qui vient de se former après le passage de la pluie. Le bateau file et nous sommes irradiés par les lumières irisées et les couleurs vibrantes qui se détachent sur le sentier des douaniers, à proximité du phare du Petit Minou. Jouant à touche-caillou, nous remontons le goulet dans une bonne brise et une mer plate, ravis de la tournure de la navigation. Après avoir dépassé un cargo qui mouillait dans la rade, l’arrivée au port se fait au soleil, avec brasserie le midi pour se remettre des émotions ; mais la pluie revient nous cueillir lorsque nous allons à la gare. Et cette fois-ci c’est parti pour durer. Il est temps de se réfugier à l’intérieur et de prendre le train après cette aventure mémorable !