Nous étions 6, en cette fin de semaine du 7-8 décembre à se donner rendez-vous à Marseille, dans un hébergement aux abords des Baumettes, stratégiquement situé à proximité des secteurs de Sormiou et de Morgiou (mais aussi d’un méga Leclerc, à même de dérouter les Parisiens que nous sommes habitués aux petites surfaces…)
L’espoir d’apprécier la douceur de la Méditerranée et son ciel cristallin a été mis à l’épreuve le premier jour. Partis fraichement, peu après le lever du soleil, nous rejoignons le col de Sormiou puis dans la foulée le secteur de la Parfumerie où nous découvrons au fil de la matinée la beauté des points de vue, ainsi que l’exposition Sud bien abritée du vent. Petite surprise à l’échauffement sur l’état des relais qui ne correspondent pas au standard vu en formation des précédentes semaines. Ici, point de chaînettes, mais des maillons doubles dans la plupart des voies et un maillon simple sur la 4b qui doit être complété avec une sangle autour d’un rocher, munie d’un mousqueton en guise de deuxième point. Nous progressons avec entrain dans ce calcaire au toucher acéré, échauffés par l’effort. Le soleil se fait maintenant franchement bon et nous oblige à faire tomber la polaire. Plutôt sympa à l’approche du solstice d’hiver !
Mais c’est, comme prévu plus tôt lors du point météo (avec des scénarios plus ou moins optimistes selon chacun), qu’un méchant front venant de l’ouest et son lot de nuages pluvieux stoppe notre élan. Dommage, alors même que nous nous apprêtions à casser la croûte autour d’un bloc de roche disposé tout à fait comme il faut (voir photo)
Repli obligé et dans la précipitation vers un « abri sous roche » (le départ d’un devers en 7b coton d’ailleurs) pour se restaurer en évitant d’être (trop) trempés. Les espoirs douchés que ces belles voies sèchent, nous décidons de rentrer au gîte pour se réchauffer avec une tisane au romarin glané sur les chemins et vaquer à nos occupations.
Le lendemain matin nous retrouvons des conditions toujours aussi venteuses, mais plus sèches cette fois. Le mistral s’est levé fort en fin de nuit et percute par bourrasques. Autant dire que l’entrée dans la marche d’approche est frisquette. Nous rejoignons le site de Lui d’Aï après une bonne heure trente de marche (compter 1h environ depuis le col de Sormiou, en descendant vers la plage puis en remontant à droite face à la mer). Le passage du second col nous offre une splendide vue sur l’archipel de Riou, balayé par les embruns en rafales.
Le ciel est encore voilé quand nous arrivons et nous sommes accueillis dans l’échauffement par un rocher qui gèle le bout des doigts. Mais vers 11h le soleil nous fait la grâce de se manifester pleinement et les conditions deviennent idéales. Nous progressons avec plaisir dans les 5a, 5b et 5c que nous offrent ce site très abrité. Contrairement à hier, les prises sont plus patinées et « rondes ». Le toucher différent nous invite à tâtonner et trouver les bons mouvements. L’emplacement vertigineux et l’étroitesse des passages entre voies sont aussi des occasions d’apprendre le vachage lorsque que l’on assure (nœud de cabestan directement sur le point prévu à cet effet ou au moyen d’une sangle, fermée en ses deux brins par un mousqueton).
Revigorés par un déjeuner en plein soleil face à la mer, bien fourni (sur le mode « qui veut de la tartinade et du fromage ? »), nous faisons une dernière voie en début d’après-midi. Puis c’est retour fissa vers le col de Sormiou par la plage pour rentrer au gîte, Mistral en pleine face, et on se rappelle qu’on est bien à l’approche de l’hiver, même si ici, c’est Marseille.
Un grand merci à la gestion de l’orga par Béatrice et à l’expérience de Luc, Anaïs et Claire pour les topos et la préparation du matériel. Avec une météo pourtant changeante, nous avons pu goûter aux joies de la grimpe dans ces falaises d’émail. Nous avons très envie d’y revenir, en espérant que cette fois-ci, contrairement à ce que Luc dit, il ne pleuve pas dans les Calanques !