Historique du financement de la falaise de Hauteroche

Vous trouverez ci-après un bilan du financement de l’entretien de la falaise de Hauteroche entre 2007 et 2022.


Dans un premier temps, faisons un résumé des années précédentes :

La première grande campagne d’équipement des années 80 a permis un ré-équipement plus fiable que les simples cornières bricolées ou les pitons du commerce. La Commission Fédérale Montagne Escalade de la FSGT et René FINET du club de Champigny sur Marne (RSCC section Montagne Escalade Randonnée) prennent les choses en main et entreprennent une campagne de ré-équipement avec des chevilles autoforeuses (spits et autres) et des plaquettes. Un topo d’escalade en noir et blanc est édité en 1979 avec 170 voies d’escalade répertoriées. Une deuxième opération de ré-équipement, géré par Alain FINET, démocratise la tige de tendeur comme point d’ancrage «béton». Les sommes ont été importantes pour acheter le matériel (résine et tige tendeur) et ont principalement été payées par le club de Champigny sur Marne. Un topo d’escalade en couleur est édité en 1985 avec 220 voies, puis une mise à jour en 1992 avec 235 voies. A partir de 1993, le RSCC passe la main après un millier d’heures de travail bénévole et avec près de 20 000 francs investis en 15 ans. Une troisième campagne voit le jour et permet l’installation systématique des relais sommitaux munis de Moulinox. C’est l’œuvre de Jean Marc CAGGLIGNY de l’US Ivry. L’informatique apparaît avec un tableau numérique qui permet de faire le suivi précis de l’équipement. Depuis seul un entretien régulier est nécessaire, même si une ou deux nouvelles voies sont ouvertes chaque année dans le cadre d’une formation escalade SNE ou lors d’un week-end dédiés à l’équipement.

 
Le bilan des stocks et de la vente des topos de Hauteroche :

Depuis sa ré-édition de 2007, le stock initial de 3000 topos avait été prévu pour 15 ans, il restait environ 1300 topos à la fédération fin 2017. On en a donc vendus (ou distribués lors des formations) 1700 en 10 ans. Les prévisions étaient de 1000 topos pour 5 ans. Elles ont été optimistes, on a donc encore entre 6 et 7 ans de stock.

 
Les grandes campagnes très gourmandes en financement étant terminées à Hauteroche, une falaise de 250 voies d’escalade a tout de même un coût :

Il y a d’abord la location du couple falaise/aire de bivouac aménagée qui est de l’ordre de 400€ (exactement 40 fois le SMIC horaire de l’année en cours, amusez vous à faire le calcul) actuellement payée à la commune par la fédération FSGT. Actuellement l’entretien ne coûte pas cher, car le temps passé (et la presque totalité des transports) est le fruit de l’investissement bénévole. Il n’en serait pas de même s’il fallait rémunérer le temps passé et rembourser toutes les dépenses. Les gros achats de matériel ont été financés par la fédération FSGT, les comités départementaux et les clubs (20 broches inox en 2017 et environ 200 broches en 2008 pour une somme avoisinant les 450€). Le perforateur sans fil est personnel mais les batteries sont un achat collectif de Grimpe 13, géré par la Coop Alpi et mis en dépôt chez le gestionnaire pour garantir un bon entretien des batteries.

Détaillons ici les autres moyens de financement de la falaise :

  • Une politique de gestion associative de la falaise permet à tous grimpeurs qui le souhaitent de s’investir dans l’entretien ou l’équipement. Concrètement, l’organisation de week-ends «nettoyage» ou de week-ends «équipement» où une partie du week-end est consacrée à l’action bénévole et le reste à la grimpe personnelle. Chacun y trouve son compte et donc cela ne nécessite pas un remboursement systématique des participants. En plus cela réduit le suivi des remboursements très chronophages pour le gestionnaire, l’ouvreur du site et pour l’administration fédérale.
  • Dans le cadre de formation d’initiateur d’escalade SNE, une partie du temps de la formation (temps bénévoles des formateurs et des stagiaires) et du budget (entre 50 et 100€ pour acheter le matériel) permet d’améliorer l’équipement ou d’ouvrir de nouvelles voies, cela permet aussi de transmettre le savoir faire et au moins de sensibiliser les futurs initiateurs des clubs à la gestion d’une falaise.
  • Grâce à de très bonnes relations, certains clubs parisiens ont, de temps en temps quand c’était nécessaire, payé du matériel ou un voyage A/R au tarif “essence+autoroute” pour soutenir l’équipement de la falaise. C’est un choix volontaire issu d’une politique de club qui accepte de consacrer une petite somme pour soutenir les ouvreurs/équipeurs pour maintenir leur espace de grimpe en site naturel en bon état.
  • Le recyclage des cordes réformées (SAE ou SNE), dite “réforme de confort” car la gaine a grossi et a du mal à passer dans les descendeurs, en cordes d’équipement pour installer des rappels ou monter du matériel ou faire une remonté sur corde, permet de limiter considérablement l’achat de corde d’équipement (précisons que le matériel reste dans la norme des EPI).
  • Il est toujours possible de monter des dossiers de subvention auprès de la fédération FSGT, des comités départementaux FSGT ou du conseil départemental.
  • Le choix d’un outillage robuste, non sophistiqué ou de récupération pour le nettoyage permet de réduire le budget (scies, sécateurs, pioche, pied de biche, broches, forets, chaîne, maillons rapides, etc…). Il est assez facile de se faire prêter ponctuellement l’outillage plus sophistiqué (tronçonneuse, perceuse sans fil, débroussailleuse, vérin hydraulique, etc…).
  • Tout bon équipeur y laisse inévitablement un peu, voir beaucoup de temps. C’est inévitable mais aussi de l’argent car ça lui tient à cœur, et c’est parfois plus simple pour les très petits achats urgents ou ses frais de transport.
  • L’organisation d’une fête des falaises tous les ans, annoncées pour financer la gestion du site (construction de toilette sèche, tonte de l’aire de bivouac, tronçonnage d’arbre de temps en temps) attire du monde d’autant plus si elle est sympathique.
  • Une quette tous les ans au pied de la falaise. Non là c’est une blague, mais sans blaguer cela a été proposé pour solliciter ceux qui grimpent une fois dans leur vie sur cette falaise, avec le vieux topo d’avant, sans licence… Mais peut être faire une opération annuelle de souscription par internet avec des outils adaptés.
  • Le prix du topo avait été baisser en passant de 15€ à 10€ au 1er février 2018 pour faciliter la vente des 1300 derniers exemplaires dans les 6 à 7 prochaines années. En enlevant les 3€ d’impression et les 3€ du revendeurs, il a «rapporté» 4€ par exemplaire vendu pour financer l’équipement et la location de l’aire de bivouac aménagée. On en vend environ 150 exemplaires par an, donc cela fait environ un budget de 600€. Si on enlève les 400€ de la location de l’aire de bivouac aménagée, il ne reste plus grand chose pour rembourser un ou deux voyages depuis Paris ou du matériel. L’argent vient inévitablement d’ailleurs.

D’ici à ce que le stock fédéral du topo de Hauteroche soit épuisé, nous auront eu le temps de savoir ce qui sera le mieux pour la falaise et ses grimpeurs :

Une nouvelle édition papier ? Numérique ? Payante ? A participation libre ? Gratuite en parallèle d’une dynamique associative pour trouver des bras et quelques sous ?

Va-t-on laisser les topos « privés » récupérer le marché et trouver de l’argent ailleurs pour financer l’entretien de nos très nombreuses falaises françaises, tout en conservant un accès libre et gratuit ?

Les nouvelles économies vont redistribuer les cartes (les marchés du gratuit, les plateformes numériques collaboratives ou pas, les réseaux sociaux, etc…), de plus les conséquences de Vingrau ne sont pas encore visible, on aura tout le temps de réfléchir à la sauvegarde de l’espace de grimpe pour une pratique libre et gratuite (à noter que le gratuit ne l’est jamais vraiment, c’est juste que quelqu’un paye toujours à votre place : impôts, subventions, publicité, topos, etc…).

Tout cela va demander réflexion et réinvestisssement des grimpeurs car les équipeurs/gestionnaires de nos falaises ne pourront peut être pas prendre en charge les futures recherchent de financement bien plus chronophage qu’un topo à faire tous les 10/15 ans, ni forcément acquérir les nouvelles compétences numériques des évolutions de notre monde. C’est à la nouvelle génération de construire son futur commun, si besoin avec l’aide et les conseils des « anciens » éclairés de leur expérience passée, pour soutenir des jeunes grimpeurs visionnaires. L’avenir nous le dira.

Rémi Cappeau, écrit en 2020

Rémi fédère, depuis plus de 15 ans comme l’ont fait avant René Finet, Alain Finet, Jean Marc Cagglini, Daniel Dupuis …, l’équipement et l’entretien bénévole de la falaise de Hauteroche. Chaque génération d’équipeur a été aidé par beaucoup de grimpeurs conscients de l’importance de ce travail. Un énorme travail de sécurisation de la falaise, qui est unanimement apprécié par les pratiquants, qui fait que 40 ans après sa découverte, la falaise reste très fréquentée.